(Montauban 1872 - 1931 Montricoux)
L’Éducation
1897
lithographie originale en couleurs rehaussée à l’encre bronze doré sur papier vélin
27 x 37,5 cm (à la planche) ; 56 x 44,2 cm (à la feuille)
signé 'Marcel Lenoir' en bas à gauche à la mine de plomb ; numéroté '123/175' en bas à droite à la mine de plomb ; Annoté au dos 'Arnould Editeur 7 rue Racine Paris 1897'
Nous remercions Marie Ange Namy, directrice du Comité Marcel-Lenoir, pour ses précisions et son authentification de l’œuvre
D’abord orfèvre et enlumineur auprès de son père à Montauban, Marcel-Lenoir – pseudonyme de Jules Oury – rejoint ensuite Paris et développe une activité de graveur-lithographe prolifique. Il oriente ensuite son art vers la peinture, dont la fresque monumentale du Triomphe de la Vierge (Institut catholique de Toulouse) est l’un des témoignages les plus forts.
La lithographie que nous présentons reçut une presse très favorable quand elle fut éditée par le célèbre marchand Arnould en 1897, au point que le journal satirique Le Courrier français en présenta une reproduction dans son numéro du 12 septembre 1897.
Exécutée dans un riche vocabulaire symboliste, L’Éducation fait assurément partie des œuvres les plus remarquables de Marcel-Lenoir. L’historienne de l’art Delphine Durand, spécialiste de l’idéalisme mystique et de la peinture symboliste, lui consacre une analyse pertinente :
« Dans cette estampe éditée par Arnould, l’artiste déploie toute la délicatesse de son art d'imaginer dans une scène d’épouvante sanglante et funèbre. L’Éducation adhère à cet esprit de luxure décrit par Huysmans et restitue un monstrueux sabbat où la magicienne, vieillarde horrible chargée de joyaux barbares, attire la jeune fille faible et vaniteuse à la curée des cœurs masculins qui macèrent dans une cuve ensanglantée, bordée d’étoffes cérémonielles, constellées d’yeux apotropaïques qui annoncent les prunelles stylisées parsemant les robes des femmes de Klimt.
Cette scène infernale accomplie au fond des ténèbres sépulcrales se déroule sous l’œil du vautour qui répond aux yeux maçonniques du bassin, symboles de la connaissance.
Par un curieux effet de collage, une tête bouclée d’ange semble émerger des ailes du rapace. Marcel-Lenoir a recours à l’anamorphose et à l’oxymoron en juxtaposant la tête décharnée du nécrophage à celle de l’ange.
Le cœur sanglant est ici l’objet d’un sacrilège et sa mutilation évoque L’Abime de Georges de Feure, une huile sur bois exposée au Salon de la Rose+Croix de 1894 où l’on peut voir une femme mordre dans un cœur fumant de concupiscence.
Cette cérémonie macabre, véritable messe du sang blasphème le rite de la Communion et bafoue l’Eucharistie. La vierge, hostie charnelle est immolée en sacrifice, et les lys de sa pureté souillés. Le personnage de la femme fatale si fréquemment rencontré chez les artistes de la fin du siècle, hantera Marcel-Lenoir, mais L’Éducation, tout en étant une condamnation cruelle de la femme est en même temps la consécration d’un idéal, celui de la vierge, instrument de souffrance et de rédemption.
L’œuvre frappe par son graphisme d’une finesse inouïe et témoigne de l’acuité d’un trait qui fouille inlassablement l’espace pour en inventorier les richesses. »
(D. Durand, « Un imagier mystique : Marcel-Lenoir », in Bulletin du Musée Ingres, no 78, mai 2006, p. 93)
D. Durand, « Un imagier mystique : Marcel-Lenoir », in Bulletin du Musée Ingres, no 78, mai 2006, p. 90-93 (illustré)
Le Courrier français, 12 septembre 1897
Château de Montricoux - Musée Marcel Lenoir, Montricoux
Centre Pompidou, Paris
Musée des Arts décoratifs, Paris
Museum of Modern Art, New York
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